Sous la Terre, la lave gronde. D’abord à peine perceptible, ne se manifestant que par quelques mouvements tectoniques, elle patiente. Elle s’emplit de l’énergie nécessaire à sa combustion et à son explosion, une fois la surface atteinte. « Egress » exprime ses premières secondes par la lente et ténébreuse ascension de son atmosphère, tandis que la croûte terrestre ne soupçonne pas encore les bouleversements qu’elle s’apprête à subir. Puis, la première faille. Les guitares de The Color of Cyan sont profondes, nous alertent. Toute échappatoire sera impossible. Le rock instrumental du groupe américain nous subjugue. Harmonies et larsens s’enlacent afin de mener leur progression au terme apocalyptique qu’ils se sont fixé. L’envol, la percussion des roches magmatiques. Rugir puis s’apaiser. Se laisser emporter par les aspérités de la nouvelle strate pour mieux l’embraser.
L’agitation émotionnelle parcourant nos neurones est totale, tétanisante. Une beauté en clair-obscur, l’absorption de toute source lumineuse par une brume opaque laissant entrevoir un envol idéal. « Egress » est un art de la magnificence et du cataclysme. Une performance dont les modifications de direction demeurent constamment imprévisibles mais nous éblouissent et laissent perler, au coin de nos yeux, quelques larmes. De colère autant que de mélancolie. De repli sur nous-mêmes que de cris libérateurs. The Color of Cyan catalyse nos sensations, nos humeurs, nos introspections. Et leur offre un paysage musical s’ouvrant à ces impulsions que nous n’osons jamais exprimer ni explorer.