[Clip] Thérèse – Crossroads Sessions 2022
Thérèse est un inépuisable torrent d’énergie, que ce soit sur microsillons ou quand elle occupe la scène. Une fureur dont les propos affirmés et l’insatiable rage de vivre s’expriment à chaque intervention. La grande différence opposant ses performances live à ces Crossroads Sessions 2022 se trouve ailleurs, que ce soit dans l’interprétation plus intimiste qu’elle illumine pleinement sur la scène de la Cave aux Poètes que via la réalisation centrée sur les plans serrés de l’équipe d’Attic Addict. Dès lors, les quatre titres se montrent encore plus fracassants, car proches de nous et nous incitant à nous sentir en face-à-face avec la chanteuse, accompagnée comme il se doit de l’indispensable et complémentaire Adam Carpels. Le regard de Thérèse est tantôt tendre, tantôt provocateur, mais ne cherche jamais la confrontation inutilement frontale et injustifiée. Ses mots n’en résonnent que mieux au fil des instrumentations et des flous colorés, portés par une caméra au plus près de ce qui s’apparente à un show aussi militant que confidentiel. Et ouvre davantage nos esprits à la vision sociale et humaniste d’une artiste dont la présence, en plus d’être magnifique, demeure utile et nécessaire.
[Podcast] Chiara Foschiani
Difficile pour les artistes d’avoir la chance de s’exprimer totalement sur leur processus créatif, notamment les indépendants, ces dernier n’ayant que rarement droit à la visibilité pourtant nécessaire que leur rendent les rencontres ou les interviews. Grâce aux merveilles d’Internet, ces derniers peuvent s’adresser directement à leur public, par vidéo ou, dans le cas qui nous concerne, grâce aux podcasts. Cependant, ceux de Chiara Foschiani se différencient de toute forme d’auto-satisfaction ou de complaisance. Grâce à sa narration et à la franchise de ses paroles, elle nous apporte une vision complémentaire de nos écoutes, prenant le temps de raconter et de se raconter. Explorant chaque détail de sa musique, de l’intention à la réalisation, la jeune artiste exploite à la perfection l’outil qui lui est offert et ne se prive à aucun moment de nous immerger auprès d’elle au cœur de la genèse d’œuvres mûries et réfléchies. Magnifiques exemples de sincérité et de don à l’autre, ces podcasts, en français et anglais, sont une manne intarissable d’informations rendant Chiara Foschiani toujours plus à part et éminemment attachante.
[Clip] Hannah Featherstone – Love Unconditional (live)
Pour celles et ceux ayant eu la chance d’assister à la release party d’Hannah Featherstone au Temple du Marais, le concert demeurera pour toujours une parenthèse existentielle, tant du fait du cadre lui-même que de la performance intimiste et communicative de l’artiste. C’est bien simple : en regardant cette session live de « Love Unconditional », il est purement et simplement impossible de ne pas se sentir concerné par les paroles et la manière dont elle les partage avec nous, ces deux éléments phares instillant, le long de nos frissons et de nos émotions, un véritable et vénérable échange. L’intensité et la profondeur de ce bouleversant extrait se changent immédiatement en proposition universelle, en définition de tout ce qui vient à nous manquer afin de vivre et de savourer chaque instant. Dépassant les frontières et idéaux de cadres sociaux ou religieux en choisissant d’exposer ses propres interrogations et croyances, Hannah Featherstone apporte ce qui n’est autre que la fondation essentielle d’une nouvelle vision de la passion et de la transmission par l’amour. En un peu moins de cinq minutes, elle modifie totalement nos impressions, pensées et sensations, transformant les individualités en une formidable et précieuse source d’union et de partage. Une vérité admirable et qui, en ces temps si difficiles, convoque en nous de formidables espoirs et volontés.
[Clip] Clément Mirguet – Dark Hole (Feat. Mood)
« Dark Hole » est une fabuleuse expérience sensorielle et cutanée. Dès ses premiers accords, le clip illustrant la musique aérienne et tendre de Clément Mirguet se frotte contre nos épidermes, sa lame froide nous inspirant autant d’affection que de danger. Ondulant entre la sensualité et l’obscurité, le titre trouve, devant la caméra d’Olivier Bonnet, un écrin doux et fragile que l’on explore, chaque pore et chaque détail se métamorphosant en un monde du fantasme et du fantastique. Le long de tels dessins, la voix de Mood renforce ce que l’image montre sans jamais exposer en une lente danse dans laquelle nous nous sentons entraînés, le trou noir dévorant notre volonté et nos ultimes résistances. Ce mélange subtil de beauté, de fascination et d’oppression en vient à faire disparaître tout repère physique et temporel, toute échappatoire face à l’hypnose où nous plongeons inexorablement. Les yeux clos, les mains tremblantes, la figure que nous n’osons même pas toucher illustre admirablement force et faiblesse. Une féerie des ombres et des éclats qu’il est impossible de ne pas admirer et éprouver.
[Clip] Aurore Pauvert – Tightrope Walker
De son sentiment de solitude originel, « Tightrope Walker » se mue lentement en une narration de la découverte de l’identité et de la personnalité. Au fil de cette session d’enregistrement sobre et intimiste, Aurore Pauvert et ses musiciens décrivent, par la voix et l’instrument, ce que l’on pourrait définir comme le lent et volontaire chemin vers les réponses de questions en suspens. Cet équilibre suspendu au-dessus du vide, émergeant du silence afin de mieux éclater au grand jour, traverse un nombre incroyable d’inspirations, de modifications harmoniques et de réflexions artistiques. Sans jamais choisir un genre ou un mode d’expression bien trop restrictif, la créatrice nous invite et explorer ses propres territoires, changeant constamment les dialogues lyriques et sonores avant de mieux les laisser s’exposer dans leur impeccable ensemble. Grâce à une si belle performance, « Tightrope Walker » est une démonstration sans faille de l’écoute et de l’union, que l’on approfondira dès le 28 octobre prochain, date de la sortie du prometteur One.
[Clip] Stan Mathis – Le plus célèbre des anonymes
Il suffit d’un peu plus de deux minutes à Stan Mathis pour écrire l’ultime définition de l’individu moderne et de son statut social, aussi effrayante et tétanisante soit-elle. En effet, « Le plus célèbre des anonymes » est un cataclysme musical dont les paroles ne cherchent jamais à embellir la terrifiante réalité dans laquelle nous évoluons et que, sans vraiment y réfléchir, nous considérons toutes et tous comme acquise. De rivalités virtuelles en dérives humaines, le titre foudroie par sa justesse et sa sincérité, emporté dans les flammes visuelles et les visages dénaturés d’un clip à rebours, tour de magie par filtres interposés auquel nous nous prêtons avec délectation et, il faut bien l’avouer, une certaine forme de masochisme. Les accords nous frappent et nous malmènent, les flashes imprégnés de fulgurances mettent en scène les célébrités que nos désirs avides souhaitent rejoindre ; tout nous inspire aussi bien la fascination que la peur. « Le plus célèbre des anonymes » est un hymne à la résistance face aux diktats de réseaux beaucoup moins sociaux qu’ils en ont l’air, un chef-d’œuvre d’éveil des consciences et de modification nécessaire de nos habitudes. Du moins, c’est ce que l’on espère.