Ne jamais se fier aux apparences. Toujours demeurer sur le qui-vive, que ce soit lors de dangereuses expériences existentielles ou dès qu’il s’agit de comprendre, aussi profondément que possible, le sens d’une chanson. « Passe la douane » paraît ensoleillé, dansant, libre. Andréa Rose y interprète, avec la justesse et la beauté de sa voix, un texte vibrant, épique et haletant. Les tonalités espagnoles nous indiquent la destination. Quant au texte, il est tout autre. Empli d’une urgence et d’une peur sous-jacentes, notamment à travers les épisodes mélancoliques de son indomptable course, il embrasse le sacrifice, la préparation à devoir changer son avenir avant qu’il ne soit trop tard.
Sauver et se sauver. Tenir tellement à celui qui a commis l’erreur apte à lui coûter cher qu’il faut agir, ici et maintenant. « Passe la douane » est en péril mais ne cède jamais à la panique. De son aventure amoureuse à la conclusion tendre et brûlante d’une histoire pouvant, si rien n’est fait, tourner à la tragédie, la chanson d’Andréa Rose confie, avec une étonnante clarté et une impatiente beauté, la preuve ultime de la passion. Rien n’est impossible. La cruauté de l’avenir peut toujours se modifier. Surtout quand tous les sens sont en alerte et que les sirènes retentissent au loin. « Passe la douane ». Pars. Je serai toujours là pour toi.