Première rencontre avec Celeritas : « Allez le foot ». Une chanson débridée de fanzone au bord de l’implosion, décomplexée et sans aucune autre volonté que de mettre le foutoir au bord des pelouses. Premier avis : le groupe propose une fête venue d’ailleurs, une extase dans la vitesse et le lâcher-prise n’essayant pas de voir plus loin que ses ambitions originelles. Grossière erreur de notre part : La brigade du son est un album furieux et soigné, pied au plancher grâce à une science de la danse et de la communion hors du commun. La pointe de folie qui nous manquait cruellement, au milieu de productions électroniques parfois bien trop sages.
Preuve que l’abandon de soi doit forcément passer par un engagement total sur le dancefloor autant que sur le ring et sous les draps, La brigade du son explore chaque exutoire avec une maestria de tous les instants. Un combat électro mâtiné de « Formula Dance », style dont ils se revendiquent et qui prend ici toute sa dimension dantesque et inébranlable. D’une intro douce et intrigante aux impulsions mécaniques grillant les radars de ses chapitres suivants, le disque se vit comme un entraînement avant de rejoindre les parties interdites et de libérer nos muscles et nos psychés. Alcool, sexe, teuf ; dans un monde où tout est à portée de main, Celeritas souligne grâce à ses samples, dénonce parfois mais, plus que tout, se réapproprie le sens des déviances. Les analyse par la puissance de sa musique et de ses textes, les déstructure les unes après les autres et regarde émerger, sous les apparences, les sources vives et vrombissantes de la sueur et du sang. La brigade du son envoie une décharge électrique à notre cerveau reptilien en sommeil et brise les chaînes que la société moderne a soudées sur nos capacités. Dans ce torrent dévastateur, l’auditeur devient acteur de l’œuvre, la fait vivre par ses propres intentions enfin privées de verrous artificiels et virtuels qui, dès qu’ils se désagrègent, se montrent tellement facile à oublier. Celeritas crée pour instaurer son climat de tension bienvenu et salutaire. La bombe atomique a eu droit à son film en 2023 ; elle a dorénavant son album, et nul doute que celui-ci sera difficile à désamorcer !
La brigade du son de Celeritas, disponible depuis le 19 janvier 2024 chez Helios Records.
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