L’atmosphère est suffocante, crépusculaire. Ce « Nouveau Monde » que nous évoque Arainbow, tel le titre d’un premier chapitre en demandant d’ores et déjà de nombreux autres, celui-là même paraît perdu, détruit par une volonté destructrice sur laquelle nous n’avons plus aucun contrôle. Sous les cendres, des formes indescriptibles apparaissent. Les restes d’une guerre intérieure qui, sans crier gare, est devenue contagieuse. Le Mal et les conséquences de son fou brasier. D’abord hommage à celles et ceux qui sont tombés sur le champ de bataille, Le Lien, chapitre 1 : Nouveau Monde fouille les décombres et part en quête d’âmes certes pétrifiées, mais dont le sang continue de battre, faiblement d’abord, puis plus rageusement. Le sol est aride. Notre gorge est sèche. Il faudra boire au calice rock envoûtant et ensorcelé d’Arainbow pour nous redécouvrir. Nous relever.
Le disque déstabilise, déroute, remue. Il est la quintessence d’une continuelle souffrance, la thérapie par le choc d’un mal-être profond et, cependant, si proche du nôtre. Arainbow unit les esprits, les spectres, les peaux palpitantes en une communion sonore et vocale proche du précipice. De la douceur à la douleur, il n’y a que ce pas que nous faisons à nos risques et périls. Les instruments caressent aussi bien qu’ils cisaillent et transpercent. Le chant est incantatoire, hanté. L’EP est une confidence incendiaire. La plaie sanglante de terres humaines abandonnées et malmenées par les éléments. C’est cet ensemble qui fait de ce premier chapitre une œuvre tant cathartique que mortifère. Trois prières désespérées, obsédantes. Trois hymnes luttant contre l’auto-destruction et la dépression. Trois créatures demeurant à notre chevet jusqu’à notre guérison. Jusqu’au chemin de notre existence si souvent irradiée et meurtrie mais toujours volontaire, quoi qu’il puisse nous arriver.
Le Lien, chapitre 1 : Nouveau Monde d’Arainbow, disponible depuis le 5 avril 2024.