« On m’a dit que… »
« J’ai perdu confiance en moi depuis qu’on m’a dit que… »
« Je ne me sens pas légitime… »
« Je suis trop ceci trop cela… »
« Je ne suis pas assez… »
« J’ai du mal à m’exprimer devant les hommes car je me sens jugée »
« Je dois toujours faire mes preuves »
« Je dois toujours travailler plus pour que l’on me considère »
« Je me sens tellement perdue et comme une merde »
« Je me sens si seule… »
« J’ai peur de… »
Des phrases qui commencent comme ça, j’en entends beaucoup lors de ces ateliers que nous animons avec les Musiciennes&Co.
L’atelier s’appelle « Être guidé dans son projet professionnel ». « L’idée est de faire un point sur le projet musical. Il n’y a pas de jugement sur l’artistique. On aborde toutes les choses qui englobent la création du projet et sa structuration ».
Mais je vous arrête tout de suite : on n’arrive jamais à aborder tous les sujets de l’atelier, tellement le début du début est un sujet qui prend une énorme place.
Le fameux sujet de la légitimité…
Le 19 novembre dernier, on donnait cet atelier avec Charlotte Cegarra pour le festival « Les femmes s’en mêlent ».
Il faut savoir que Charlotte Cegarra écrit une newsletter, « Une vie d’artiste ».
Elle fait part de ses réflexions sur le milieu de la musique, donne les conseils qu’elle aurait aimé qu’on lui donne à un certain moment. Charlotte témoigne de son parcours artistique et relaie la parole et le travail des autres…
Pourquoi, à votre avis, tient-elle ce blog ?
Parce que, comme toutes ces personnes rencontrées lors de cet atelier, elle a vécu la même chose. Cette fameuse place de la légitimité.
Elle a osé. Elle a appris elle-même à oser. Elle a osé prendre toute sa place. Elle a osé prendre position. Elle a osé dire, partager ses valeurs profondes sur le féminisme, la non-binarité et tous les autres combats qu’elle mène au quotidien.
Elle a osé sortir de la place « de femme » qu’on lui assignait, qu’elle s’assignait . Elle a surmonté ses peurs.
Elle le dit elle-même: « J’ai appris moi-même à oser me vendre grâce à des expériences diverses, grâce à des coachs et grâce au lancement de ce blog. J’entends bien vous amener à briser cette peur là en vous ».
Les femmes ont peur.
Eh oui, les femmes ont peur mais elles le reconnaissent, elles en parlent, elles s’entraident. Elles ont peur de mal faire, peur de mal s’exprimer ; peur d’avancer, peur de prendre toute leur place, peur de perdre leur place.
Toutes ces femmes qui se posent toujours les mêmes questions : Et si je rencontre un homme ? Et si j’ai des enfants ? Et si je dis ou j’écris trop ce que je pense ? Et si je suis moi? Que va t il se passer ?… Cette culpabilité, cette charge mentale que la femme subit tous les jours, on en parle ?
Pourquoi la femme a-t-elle peur ? et de qui ?
Elle est drôle la vie, quand même. On dit souvent « les femmes à la cuisine » et, pourtant, les chefs dans les restaurants sont principalement des hommes.
Les pâtissiers dans les palaces, je ne vous en parle même pas.
L’autre jour, je me suis baladée chez Galeries Lafayette Gourmet et je n’ai vu que des portraits d’hommes pâtissiers.
Donc les hommes font la cuisine… Mais…
Mais que se passe-t-il à un moment donné de la vie ?
Les femmes sont toutes maîtresses d’école, infirmières, sage femme, secrétaire…
En musique, je me retrouve face au même constat. Il y a beaucoup plus d’artistes solo hommes, de groupe de musique homme qui percent que de femmes… On a bien compris que, pour faire genre, les radios diffusent un peu plus les femmes ; mais on sait bien que c’est pour faire genre.
Pourtant, dans les cours de chant, je n’ai principalement que des femmes ; en cours de piano aussi.
Dans l’équitation, je ne t ‘en parle même pas… En cours, tu ne t’entraînes majoritairement qu’avec des femmes. Lorsqu’arrivent les concours de haut niveau, tu ne vois presque que des hommes…
Même en danse, les profs sont des femmes, les cours sont remplis de femmes et les deux profs que te proposent la Star Academy (lol) sont des hommes…
Mais nous, ce n’est pas ça qu’on veut. C’est que tout ça n’existe plus. Que cette différence homme-femme n’existe plus. Ce que nous voulons, c’est ne plus être obligées d’expliquer les choses… On ne veut pas se battre…
Nous, ce qu’on veut, c’est que l’homme arrête de prendre une femme pour un punching-ball, pour une femme de ménage, pour sa secrétaire…
Oui, les choses changent.
Oui, les gens changent, mais… c’est pas facile tous les jours. Reconnais-le : trouves-tu normal que l’on doive encore et encore se battre pour notre égalité ? T’expliquer comment ça marche ?
Oui, la communication n’est pas évidente. Hier encore, un homme me disait qu’il ne savait plus comment parler aux femmes. Mais juste il faut nous parler normalement. On ne fait pas peur, on veut juste une vraie discussion et être regardées avec respect et égalité.
Nous avons les mêmes droits, tous autant que nous sommes.
Hier soir, un homme nous dit : « une femme ça aime les belles choses. » Pardon ?? Non, comme lui a répondu une copine : « Une femme, ça aime qu’on les écoute. »
On veut être écoutées dans tous les domaines.
La semaine dernière, un pote me demande pourquoi les femmes à Paris ne sourient plus, ont peur dès qu’on leur parle dans la rue, au bar, ne s’habillent plus en jupe. LOL. Toi qui lis cet article, j’aimerais beaucoup que tu me donnes tes impressions sur le pourquoi du comment.
Pourquoi la femme serait-elle moins qualifiée ?
Dans la musique, on l’entend systématiquement. Que ce soit en studio ou sur scène, une femme est rabaissée à sa tenue, au fait qu’elle soit trop fragile pour porter telle ou telle caisse. La chanteuse est de suite montrée du doigt.
Alors je n’ai qu’une question : pourquoi ? Pourquoi te moques-tu de cette femme qui, j’en suis sûre, fera aussi un super bon travail ?
Si la personne ne sait, pas apprends-lui.
Si la personne hésite ou n’ose pas, tu peux l’accompagner au lieu de chercher à la briser, à l’étouffer, à l’empêcher de.
Pourquoi l’homme se comporte-t-il comme ça ?
« Ben qu’est-ce qu’elle a aujourd’hui ? Elle a ses règles ? »
« Ça y est elle, est féministe, on est dans la merde, encore une de plus. »
« Elles sont hystériques. »
« Ben pourquoi elle fait la gueule ? Elle n’est pas contente ? »
Des phrases comme ça j’en ai entendu et je peux vous dire que ça fait mal .
Mais pourquoi dis-tu ça, homme ?
Tu as peur ?
Peur de la femme ?
Si elle prend ta place, tu sais très bien que le projet, elle va le mener jusqu’au bout et avec de meilleurs résultats que les tiens. Ben, oui c’est une possibilité.
Ce n’est pas parce que c’est une femme qu’elle est moins… Elle n’est pas sentimentale tout le temps, elle n’est pas énervée, hystérique tout le temps.
Certes, on ne peut sûrement pas porter des choses aussi lourdes que vous, et encore…
Mais on est pas moins… Nous ne sommes pas fragiles. Alors, travaillons ensemble.
Le féminisme… Être féministe.
Arrêtez, ce n’est pas un gros mot… C’est une cause… La femme a les mêmes droits que les tiens.
Si tu penses que te déguiser en femme lors d’une soirée te rendra femme ?
Si tu penses qu’une femme qui se déguise en Mario Bros. va devenir un homme ou va aimer les femmes ?
Tu te trompes.
Chacun de nous à une part de masculinité et de féminité. Assumons-nous.
La femme porte les enfants.
La femme perd du sang tous les mois. Les cycles épuisent le corps.
La femme a une charge mentale constante et très élevée.
La femme fait deux journées en une.
Est ce que tu penses que la femme a demandé à supporter tout ça ?
La peur.
La peur peut faire basculer une vie. La peur fait peur. La peur de l’autre peut nous faire faire des choses que nous n’avions pas prévues. La peur de perdre une place peut nous amener à nuire à la personne en face. Juste par peur. Mais peur de quoi ?
De perdre ton travail ? De perdre ton intégrité ? De te perdre ?
Oui, la peur est un cercle vicieux qui nous empêche d’être nous-mêmes.
Tout ça n’est que philosophie me direz-vous. Car la peur amène à comprendre l’autre, à se poser la question de notre place dans le monde et nous oblige à nous mettre face à nous-mêmes.
La peur – L’autre – nous-mêmes – Le développement personnel – La vie – Le présent.
Homme, as-tu peur de la femme ?
En même temps, si depuis la nuit des temps nous sommes mises sous cloche, ce n’est pas sans raison.
Est ce que j’ai tort ?
LA FIN
Depuis très jeune, je suis sensible aux droits de la femme, à la place de la femme dans la société. J’ai toujours été attirée par ce genre de femmes qui portent des projets, des femmes entreprenantes. Joe ne trouvant pas sa place au milieu des salons littéraires tenus par des hommes dans « Les quatre filles du Docteur March ». Docteur Quinn en femme-médecin se retrouvant en plein Colorado et devant se battre pour affirmer ses idées et se faire respecter en tant que médecin. Les Suffragettes en Angleterre, qui se battent pour les droits de la femme. Il y a un film très intéressant avec Carey Mulligan et Helena Bonham-Carter, réalisé par Sarah Gavron. Colette, qui ne peut publier ses écrits qu’avec le nom de son mari… Il y a tellement d’autres histoires comme celles-ci…
Oui je pense que cet article est vide , il n’apporte rien, tout le monde sait déjà tout.
Moi aussi j’ai peur. J’ai peur d’être jugée sans cesse. Suis-je bien légitime d’écrire?
Je n’ai qu’une formation de musicienne, pas d’écrivaine en vérité.
Alors, qu’est-ce qui me donne le droit ? Pourquoi moi et pas une autre ?
Et bien, parce que j’ai décidé. J’ai décidé de dire oui et d’entreprendre.
Oui j’ai peur, mais je le fais quand même. Oui j’ai peur, mais je n’ai pas peur de le dire.
Oui j’ai peur et j’aurai toujours peur ; mais…
Et vous ?
Il faut savoir que :
Ce 19 novembre 2022 était chargé en émotions ; car ce jour-là, partout en France, Nous toutes manifestait pour dire STOP aux violences sexistes et sexuelles.
DAME CHEVALIER sortait un son, « Riposte », qui a été diffusé lors de la manif accompagné d’une chorégraphie :
J’ai créé une playlist qui va se remplir au fur et à mesure de Femmes :
Lors de notre atelier se tenait aussi le festival « Les femmes s’en mêlent », que nous remercions chaleureusement.
Il y a aussi Musiciennes&Co., qui peut être un refuge pour les artistes.
Les newsletters et les conseils avisés de Charlotte Cegarra.
Elle est drôle la vie quand même, non ?