Kairos est une évocation précise et stylisée de la passion, de l’envie et de l’affirmation de soi. Ce que Pammy parvient à créer grâce uniquement à cinq chansons relève du miracle ; car peu de monde (pour ne pas dire personne) serait ainsi capable de synthétiser la condition humaine en moins de vingt minutes. Le défi est alors de taille : expliquer comment cet objectif devient du domaine du possible, du tangible. Tout d’abord, grâce à une intelligence et une sensibilité textuelle n’ayant de cesse de faire se percuter images poétiques et vérités du quotidien. Déjà, dans « Barghest », la lutte est totale, mais l’artiste ne s’avoue certainement pas vaincue. C’est de tout cela que va découler la force intérieure de Kairos : de ces sensitivités lyriques et instrumentales (bravo à Thomas Monica pour la complémentarité de son travail avec celui de Pammy) débloquant les craintes et les timidités. L’amour, lui aussi, est omniprésent à travers cet opus généreux et impactant. « Volé à l’hiver » use de sa simplicité pour provoquer des sensations fortes et durables, avant le paradoxe de la fêlure jaillissant, sans crier gare, de « Le déluge ». Pammy aime jouer du trouble ténu entre réel et sentiments. Elle utilise ces contradictions avec une intelligence tout sauf feinte, cette dernière achevant de terrasser les ultimes barrières psychiques de l’auditeur. L’adéquation est totale, vibrante. Les mythes pénètrent notre champ de vision et s’imposent comme autant de véracités. Kairos laisse planer les fantômes de la beauté et de la densité sensorielle. Une œuvre intime, mystérieuse et puissante.