[Clip] Sébastien Delage – L’Ossau
La vie est une histoire sans fin, faite des expériences, des rencontres et des souvenirs qui en découlent. Elle insuffle en nous les spores de notre identité. Sans ces êtres qui croisent nos chemins ou ont été les racines de notre existence, elle semblerait si fade, triste, injuste. « L’Ossau » est un poème du paysage et de la généalogie. Au fil du texte précis et magnifique de Sébastien Delage, l’histoire de sa grand-mère, l’origine du monde intérieur, nous parle grâce aux images d’archives, à la confidence de celui qui, plus que de la connaître, s’est laissé apprivoiser afin de mieux recevoir et transmettre. Berceuse de l’échange et de la transmission inter-générationnelle – celle-là même qui, de nos jours, à malheureusement tendance à disparaître -, « L’Ossau » nous rappelle d’où et de qui nous venons. Un voyage emplie d’émotions fortes, de confiance et d’humanité comme il en existe peu.
[Clip] Maria Karakusheva – Nine
Une atmosphère luminescente, tendre et sensuelle. Quelques notes de piano dans un univers extraterrestre, vaisseau d’un autre monde prenant rapidement les aspects délicats d’une nébuleuse aux origines de sa naissance. « Nine » est une étonnante performance de la création, de son premier impact moléculaire à sa réalisation. Une vision onirique, emplie d’amour et de lenteur, de charmes discrets et d’une présence qui nous submerge. D’abord sous un voile scintillant, puis nue, Maria Karakusheva devient Vénus, séductrice et mère de ce monde qu’elle façonne sous ses doigts, tandis qu’une musique évanescente dirige ses mouvements et offre la chance indicible d’une nouvelle genèse. Une ode à la beauté, qu’elle soit charnelle ou mélodique, et à travers laquelle la réalisation unique d’Encho Naydenov fait écho aux notes, aux vagues harmoniques, au souffle divin des voix s’élevant lentement, tout autour de nous. Berceau d’une nativité que nous attendons, le souffle coupé, « Nine » s’avance vers la lumière de l’éclosion, du souffle natal, au fil d’une mise en scène baignée de confiance et de partage.
[Clip] Hot Flowers – I Don’t Know
Le décor est rapidement planté : une salle étroite, au plafond couvert de morceaux de vinyles qui, alors même que retentissent les premières mesures de « I Don’t Know », nous font comprendre que la marche de l’Histoire du rock va en prendre pour son grade. Le feu prend immédiatement : Hot Flowers occupe l’espace avec une maestria hors norme, distillant ses indices visuels et musicaux dans une minutie les rendant parfaitement complémentaires. De mouvements noise en déclamations dont la rage contenue se fait cependant éminemment communicative et précise, le clip supplante les extraits live habituels en saisissant l’instant présent au plus près de ses concepteurs, totalement acquis à leur cause commune. Décuplant l’énergie de la piste originelle, introduction du hautement recommandable et revigorant Caméra sorti depuis bientôt deux ans, « I Don’t Know » transfigure son matériau de base, l’enflamme et plonge au plus profond de son incandescence.
[Single] Yuri Cosmonaut – Replicant Night
Et si la révolte des androïdes de Philip K. Dick avait abouti à leur victoire ? Et si, devant la caméra de Ridley Scott, ces créatures bien plus humaines que celles et ceux qui les ont créées étaient parvenues à faire entrer la lumière dans les ténèbres d’une oppressante cité artificielle ? Lorsque l’on écoute « Replicant Night », l’interrogation se forme immédiatement dans notre esprit. De messages électroniques cachés en mélodies à la fois douces et brutes, la piste aux étoiles noires de Yuri Cosmonaut prolonge la magie d’une science-fiction à bout de souffle, cherchant par tous les moyens à renaître de ses cendres et métaux fondus. D’une bouleversante luminosité, portée par la puissance d’accords et de nappes harmoniques en adéquation totale avec une rythmique sensible et cardiaque, « Replicant Night » invente une suite inespérée au monde futuriste qui manquait cruellement à l’art anticipatif. Un torrent de passions survoltées, un voyage aux frontières de l’inconnu, de ce qui aurait pu être avant même d’avoir été.
[Single] Christian Posselt – Memories
Les nombreux descendants de la musique ambient initiée par Brian Eno se comptent par centaines, mais peu d’entre eux parviennent à concevoir ce genre si particulier selon sa définition première : expérimenter tant et plus, tout en offrant un instant de sérénité apte à transporter l’auditeur vers des landes instrumentales apaisantes et revigorantes. Là où « Memories » atteint ce niveau supérieur, c’est dans la façon dont Christian Posselt parsème ses nappes instrumentales de comètes sonores, de tonalités résonnant brièvement mais dessinant des points de repères salvateurs au milieu d’un monde suspendu et éthéré. Ces fines gouttelettes se muent en pas du voyageur solitaire le long de côtes brumeuses, tandis que son regard se fond dans la lumière de l’astre solaire. Une ode à la disparition, à l’évanescence et au désir d’un recueillement bienvenu et cathartique, lorsque la caresse des ondes sonores portent nos esprits vers le repos et la méditation.
[Clip] Tymara – Passion (DSpot Mix)
« Passion » est un pur plaisir coupable. Celui de replonger dans les pouvoirs dance 90’s que Tymara épouse avec sagesse et force, sachant parfaitement combiner les impulsions sonores et les variations vocales qu’elle embrasse fougueusement, emmenant l’auditeur dans un monde stroboscopique où tout est permis. Le sentiment de liberté et d’extase chorégraphique monte en puissance et en grâce, transformant l’interprète en déesse d’un clubbing qui, il faut bien l’avouer, commence à sérieusement nous manquer. Son mélange parfait et communicatif de soul et de pulsions électroniques et harmoniques demeure d’une redoutable efficacité, ce qui nous permet d’anticiper l’impossibilité pour quiconque rencontrant « Passion » de ne pas vouloir immédiatement céder à ses venimeuses vibrations. Une énergie à donner des frissons, même aux plus timides d’entre nous.