[Portrait] Anastasia Minster

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By Raphaël DUPREZ

crédit : Figure 85

Parvenir à définir de façon précise et juste la musique d’Anastasia Minster est, il faut bien l’admettre, quasiment impossible. Et pour cause : l’art de cette compositrice échappe à toute définition, à tout attribut futile ou trop faible dès que l’on s’immerge dans ses créations. Elle se démarque de toute influence, de toute forme de révélation verbale et sonore. De la douceur de ses chansons émane une énergie tantôt illuminée, tantôt sombre. Et c’est justement de ce paradoxe entre ombre et lumière qu’elle a fait sa force.

À travers deux albums ensorcelants et divinatoires, Hour of the Wolf (2017) et Father (2020), Anastasia n’a eu de cesse de se confronter à la richesse de ses émotions, quelles qu’elles soient. Laissant s’épanouir la mélancolie et l’éveil de sa conscience et de sa sensibilité, elle a pleinement embrassé les tourbillons de ses deux mondes, les attractions complémentaires et riches de voies lactées où les étoiles brillent autant qu’elles s’éteignent. Ainsi, les trois années séparant ses deux premiers opus lui ont offert une énergie issue non pas de l’extérieur, mais bel et bien d’elle-même, de ses questionnements, de ses joies et de ses douleurs. Pour Anastasia Minster, écrire et chanter est avant tout un témoignage. L’écriture d’un livre ouvert il y a longtemps et qu’elle emplit de ses songes, de ses mots dont l’encre, mêlée à ses larmes, dessine les traits d’une vocation qu’elle ne désire à aucun moment laisser s’échapper. S’imprégnant des mystères irrésolus d’énergies que nous laissons nous traverser sans les comprendre ou les faire nôtres, elle immortalise ces secondes éclairées par l’intermédiaire du piano et du timbre délicat et fragile de sa voix, révélateur charnel et spirituel de ses épiphanies.

Sans jamais être capable d’arrêter ses pas, elle nous a confié, durant plusieurs mois, une collection de reprises surprenantes et éblouissantes, issues de planètes artistiques diamétralement opposées. La preuve la plus flagrante est sans doute « A Solitary Reign », apothéose orageuse du formidable Mass VI d’Amenra sorti en 2017. Par le prisme de son expressivité, elle a réussi là où d’autres auraient sans doute échoué ; non pas en s’ancrant dans la trame originelle, mais en la réécrivant avec une intelligence et un respect qui, aujourd’hui encore, ne cessent de nous émouvoir, à chaque nouvelle écoute.

Aujourd’hui, Anastasia se lance dans un projet qui, lorsqu’il verra le jour, pourrait bel et bien transfigurer nos réflexions, nos évidences et nos sensibilités. Song of Songs, dont elle vient de lancer la campagne sur Kickstarter, la verra inviter auprès d’elle un orchestre de trente musiciens, afin de rechercher l’essence de l’amour et de tous ses visages. Un album-concept d’une ambition rare mais qui, grâce à elle, s’annonce comme un apprentissage inédit de ce qui nous lie les uns aux autres. Une illumination ornée de merveilles mystiques et visionnaires, à laquelle vous pouvez d’ores et déjà participer en suivant ce lien :

http://kck.st/4349M8O

Plutôt que de longs discours, laissons maintenant Anastasia vous présenter Song of Songs. Et continuons, toutes et tous, à l’accompagner toujours plus loin, sur ses voies de la fragilité et de la ferveur.


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