[EP] Carla Blanc – Plaisirs & terreurs de la vie domestique

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By Raphaël DUPREZ

Difficile de ranger cet EP aux multiples visages et inspirations, tant sa vocation première (l’illustration musicale en cinq chapitres d’une intention évoquée dans son titre lui-même) se heurte doucement à la multitude d’arrangements doux et sophistiqués d’une écriture passionnée et complexe. Charles Lavoie signe une novella musicale dont la partition et les vers se fondent peu à peu dans l’intimité du microcosme urbain, entre couples au bord de l’implosion et errances nocturnes rassurantes ou tétanisantes.

crédit : Charlotte Rainville

Les sons se déforment, n’appartiennent à aucun effet connu ou éprouvé jusqu’alors. La flamme vacillante qui parcourt Plaisirs & terreurs de la vie domestique éclaire les peaux nues autant que les regards égarés de l’être en perdition, les fantasmes inassouvis et les nuits de pulsions indicibles. Sensuel et séducteur, l’opus de Charles Lavoie, ici nommé Carla Blanc, invoque les créatures nocturnes et les gestes de tendresse, le sexe et la chaleur, la solitude et l’absence cruel et amer d’un échange verbal ou physique pour lequel quelques secondes seraient amplement suffisantes afin de ne pas sombrer dans la démence.

Les quêtes bipolaires et tentatrices de « Still still STILL » et « HERA », fondements indubitables d’un travail aussi furtif que la plus inoubliable des caresses, prient nos âmes perdues de se joindre à la déambulation charnelle et sensible d’un être que rien ne pourra arrêter. Le temps fuit, il ne faut surtout pas le laisser nous semer. Dans un groove viscéral et onctueux, « Prends ça doux » tourne autour d’un saxophone guidant ses proies vers le plaisir et le désir irrésistible d’un lieu sans âge, plongé dans la pénombre. Portes dérobées nous rappelant brièvement à la réalité, les balises mentales « migration III (le tarot) » et « migration IV (t.e.r.r.o.r) » se meuvent en réminiscences fugaces de notre existence, rapidement achevées par les promesses éternelles et frémissantes du sublime « Comme au cinéma », observation à la fois intuitive et intelligente de la conjonction entre le son et l’image, transformant une ultime fois ces Plaisirs et terreurs de la vie domestique en chemins de traverse d’une existence trop sage pour ne pas se prendre dans les filets délicats du péché et de l’attirance.

Plaisirs et terreurs de la vie domestique de Carla Blanc, disponible depuis le 22 avril 2022 chez Simone Records.


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