Une séduction obscure, conséquence des ruptures, des larmes, des vapeurs codéinées et alcoolisées de lendemains qui déchantent. Le traumatisme violent mais bénéfique de l’émotion brute, indissociable d’une sensitivité à fleur de peau. 4 Ever vise l’éternité mais n’oublie en rien les épreuves et obstacles à franchir pour la distinguer, ne serait-ce que quelques secondes. Six titres d’une beauté ténébreuse et impulsive, marquant l’auditeur et faisant remonter, par la sueur et les larmes, ses secrets et désirs les plus enfouis.
S’accrochant à un espoir amoureux porté par ses complaintes et ses poésies douces-amères, DALHIA se laisse aller à la dérive. Lentement, sans résister. Le courant emporte le duo, entre le calme et la tempête, vers des terres inconnues, inexplorées. 4 Ever accompagne les vagues de la mélancolie, les lames de fond de la solitude, les soifs de la passion. Six tableaux oscillant entre ténèbres et étoiles, imbibés de peintures pop et électro dont chaque note, chaque mélodie constituent les pièces d’un ensemble cohérent et fertile en exaltations. De l’être-objet à la sensation d’une résolution par la violence et la folie, Rachel Geffroy et Simon Vouland explorent les plaisirs et scrutent les cicatrices à peine refermées du désarroi.
Tout commence par une fuite, une liberté conditionnelle de l’attachement et de l’union sentimentale. Un choix que l’on n’a pas fait mais qui nous mène cependant sur les routes d’un soulagement éphémère et illusoire. « Miami », destination onirique de la perdition, apparaît comme la cité d’une possible reconstruction. Le ton est obscur, déterminé, enflammé. Ces mêmes qualificatifs qui ne quitteront à aucun moment l’écriture racée et mystérieuse de DALHIA, que la puissance de beats sous amphétamines remue tous nos sens (« Toys ») ou, à l’opposé, que les extrêmes psychiques ne s’orientent sans crier gare vers de multiples possibilités. En un triptyque du nihilisme et d’une lumière inattendue et salvatrice (« Suicide », « Blue Ex-Tasy » et « Encore »), le duo mène ses pulsions et envies sur des territoires vierges, là où le rythme et la volupté d’un timbre de voix et d’instruments bien moins artificiels qu’il n’y paraissent seront seuls capables de métamorphoser l’insurmontable et l’anéantissement de soi en une brûlante résurrection. 4 Ever, opus sismique et organique, s’écoute à foison et ne nous quitte plus, tant ses bienfaits et confrontations légitiment nos métamorphoses intérieures.
4 Ever de DALHIA, disponible depuis le 13 mai 2022 (Banshies).
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