Exposer la renaissance, qu’elle soit personnelle ou historique, est un travail de longue haleine. Il convient de faire preuve de sincérité, de sagesse et d’humilité, afin de transmettre le vécu d’une femme et de la nation à laquelle elle appartient. Dans le contexte politique ayant mené à la révolution chilienne de 2019, Gatica s’est levée et a porté, en elle, les ambitions et séismes d’une culture et d’un féminisme d’une importance capitale mais, malheureusement, physiquement éprouvants. La maladie, l’inquiétude, la peur de ne pas se relever. Aujourd’hui, « Ayulen » (« joie » en langue des améridiens mapuches) est une résurrection, au sens humain du terme. L’envol retrouvé d’une musicienne avide de se reconnecter à son œuvre et à son discours, de tendre les poings et les drapeaux fiers et immuables de sa condition.
De ses couleurs, « Ayulen » amplifie notamment le pourpre. Celui du sang versé mais, plus que tout, le fluide battant dans un cœur pulsant comme jamais auparavant. Les rythmes, doux et sensibles, n’oublient jamais pourquoi ils sont choisis et exposés. Car la violence n’a pas sa place dans les discours de Gatica. ses chœurs et chants lumineux et délicats pénètrent nos sens et nos idéaux, fourmillent d’ombres et de flammes ardentes. Littéralement consumée par ce qu’elle a vécu, la musicienne se mue en un Phénix que personne ne pourra ni nier, ni oublier. « Ayulen » est joyeux et dansant, heureux de pouvoir dessiner la voie en expansion constante de sa créatrice. Mais il est plus que tout terriblement émouvant, courageux et brûlant.