[Clip] ICÔNE – Ombres & Lumière
Si nous devions, toutes et tous, nous conformer aux multiples diktats esthétiques et moraux que l’on nous impose sans cesse, nos personnalités seraient totalement perdues. Et c’est en partant de ce triste constat qu’ICÔNE développe la pop d’abord naufragée, puis rescapée et renforcée d’un « Ombres & Lumière » agissant comme le cœur révélateur de ce que nous sommes vraiment. Là où beaucoup se voient montrés du doigt, le duo s’engage pleinement dans une évocation marquante de la différence. Le titre est fort, ancré dans des sonorités et mélodies électroniques où quelques accords cinglent, tandis que les percussions amplifient l’état mental bouillonnant de la modification psychique. Appelant à revendiquer notre être comme une entité ayant tous les droits d’exister, « Ombres & Lumière » chorégraphie la lutte constante entre les faux-semblants et l’acceptation, quels que soient les commentaires avides de se faire remarquer. Un discours à la fois passionnant et encourageant, pour ne pas dire salvateur.
[Single] Antoine Duclos – The Lights Are Gone
L’obscurité. Au dehors, l’électricité n’a plus lieu d’être. Au dedans, la nuit est tombée dans les pièces vides et les chambres où les âmes de leurs occupants vaquent, sans but précis. Puis, petit-à-petit, une mélodie monte des ténèbres, fantomatique, magique. Chaque seconde, marquée par un accord de guitare, s’étend à l’infini, nous rassure et chasse nos peurs les plus profondes. Antoine Duclos crée la bande originale d’un crépuscule tant humain que géographique. Lorsque sa voix paraît, une flamme discrète nous guide, nous réconforte. Tandis que toute forme de vie s’éteint, que le silence pourrait devenir pesant et traumatisant, les échos de « The Lights Are Gone » réunissent les vivants et les morts, laissent aux esprits leur place dans le déroulement inéluctable de nos solitudes et de nos mélancolies. Un poème musical d’une beauté rare, qui ne cesse de résonner autour de nous et en nous.
[Clip] Evaye Yegher – leap of faith (Skydive Video)
L’idée de départ paraît simple, presque naïve : illustrer le saut ultime de l’existence grâce à celui, tout aussi périlleux, du parachutisme. Pourtant, cette mise en scène DIY se montre en tous points parfaite afin de mettre toujours plus en lumière le titre d’Evaye Yegher. Car, si le vertige vital nous semble souvent impossible à surmonter, nous avons là une formidable définition du dépassement de nos capacités et de l’exacerbation de nos dons cachés. « leap of faith » et un guide tendre et subtil vers la découverte, l’accomplissement et l’ouverture à une multitude de plaisirs que personne n’était auparavant capable de soupçonner. Et, même si vous souffrez du mal des hauteurs, la vision de cette précipitation dans le vide vous permettra certainement de comprendre que l’infinité des offrandes de notre place sur Terre – et dans les airs – reste à portée de main. Il suffit juste d’un pas.
[Single] JiL – What Love is This
Explorant toujours plus les secrets de la musique électronique et de ses pulsions techno, JiL s’amuse à expérimenter la symbiose idéale entre organique et mécanique, entre le battement cardiaque et la frénésie des corps. « What Love is This » nous invite à nous dépasser, à ressentir la sueur autant que notre indéniable capacité à accélérer ou ralenti le rythme de nos propres existences et des exutoires club qui, souvent, s’imposent afin que nous puissions totalement exulter. Tant et si bien qu’à la question posée par le titre, la réponse est toute trouvée : il nous suffit d’éprouver ce qui se réalise au-delà de la sphère de la compréhension, ce qui nous rapproche de l’état de transe et de méditation grâce à l’énergie insatiable de nos muscles et de nos épidermes. Dès lors, atteindre l’extase n’est plus un rêve voué à l’échec, mais bel et bien une vérité palpable et transcendante.
[Clip] Emma Demoiselle – La traversée
L’exil involontaire, la cruauté inhérente au fait de devoir tout laisser derrière soi imprègnent le texte et le clip d’Emma Demoiselle. Cet éloignement que l’on ne décide pas, qui nous est imposé par peur de la mort ou de la perte de tout ce que l’on possède, nous étreint dès les premières mesures de « La traversée ». Il en va de la vie, même si les heures à venir pourraient nous la prendre. Les animations de Lucile Jouffroy, dont le trait sobre et délicat inspirent une immense tristesse en amplifiant la beauté de l’art de la musicienne qui la guide, sont fulgurantes et d’une profonde justesse. De cette rencontre naît une œuvre essentielle, le monologue intérieur de tous ces êtres sans repères ni frontières, de ces âmes esseulées et égarées que le destin n’épargne pas. La violence de la scène centrale, que nous nous garderons bien de vous révéler, est d’autant plus impactante. Qui sommes-nous pour laisser faire ? Comment pouvons-nous fermer les yeux ou détourner le regard ? La conclusion est vibrante, à vif. Tout comme cette complainte miraculeuse et nécessaire dans laquelle Emma Demoiselle s’est donnée corps et âme. Pour eux, autant que pour nous.
[Clip] The Wandering Off – Inept
« Inept ». Ne pas exister de manière concrète. Devoir accepter quelques regards en coin alors que, dans notre for intérieur, il en va tout autrement. La bande originale interprétée et exposée par The Wandering Off tout au long de l’action permet de comprendre ce qui se produit à l’intérieur de notre malheureux héros. Ces pensées obsédantes, encombrantes mais qu’il est impossible de fuir ou de réfuter. Dans ce magasin de disques apparaissant comme la scène d’une tragi-comédie vouée à l’échec de l’individu, la musique se fait monologue, expression du secret des sentiments. Une histoire somme toute banale, mais qui se transforme en une expérience vitale dont les rebondissements nous offrent la possibilité d’observer les actes d’une chronique de la vie ordinaire. Puis, afin de nous libérer de la mélancolie de notre homme, The Wandering Off occupe tout l’espace et s’approprie les non-dits d’un conte cruel pourtant si familier. Une extase enfin retrouvée, quoi qu’il advienne des acteurs que nous avons côtoyés.
[Single] VELEVA – Cardinal
« Cardinal » est une errance infinie dans les interrogations du lien, de la présence de l’autre à nos côtés. Sous le vernis doux et sensible de la composition, la voix de VELEVA laisse paraître une lenteur, une déliquescence du rapport, et de la conjugaison des êtres. Au fur et à mesure de la progression du titre, les ambiances se font mouvantes et prennent la place du langage, créant elles-mêmes un échange se passant volontiers de la moindre prise de parole. Tout demeure dans la sensibilité, dans le ressenti qui, tel la lame d’un couteau aiguisé, glisse contre notre peau et nous apaise autant qu’il nous menace. « Cardinal » cherche des repères inédits, qu’ils soient humains ou artistiques. Une exploration à la fois belle et étrange des processus de l’intime et de ce qui, à n’importe quel moment, peut rejoindre l’invisible.
[Clip] Vrézyo – Héros ordinaire
Pour celles et ceux qui, comme l’auteur de ces lignes, en ont ras-le-bol des superproductions américaines indigestes à base de super-héros en collants et d’effets spéciaux aussi moches que les premiers jeux vidéo, « Héros ordinaire » est une formidable récompense. En s’imprégnant de ces figures malmenées par les studios hollywoodiens, Vrézyo illustre sa chanson d’un clip aux allures nostalgiques de comics d’un autre temps et de films d’action asiatiques qui, ne l’oublions pas, ont chorégraphié tout ce que le monde cinématographique de divertissement nous propose. Amusant et féroce, déjanté et émouvant, « Héros ordinaire » se distingue de ces pesantes influences sans s’en moquer, mais en les remâchant afin de leur offrir une seconde chance. Suivre les pérégrinations de notre aventurier accidentel devient dès lors un réel plaisir, tout sauf coupable. Un réconfort drôle et sincère, travail collectif de passionnés totalement dévoués à leur œuvre. Et une magnifique déclaration d’amour au 7e Art tel qu’il doit être offert aux générations futures.
[Clip] The Heroic Enthusiasts – Empty Space
S’armant du syndrome de la page blanche afin de trouver le seul support capable d’imprimer le ressenti de la solitude, « Empty Space » nous convie à une succession de saynètes où la magie et la tendresse se confondent à la mélancolie et à l’isolement de tristes lendemains. Pourtant, la pop docile et affectueuse de The Heroic Enthusiasts ne se morfond à aucun moment, préférant teinter ses paroles désabusées d’un humour visuel nous rattachant les uns aux autres, face aux images filantes de l’écran. Appuyée par un noir et blanc amplifiant les sentiments premiers, le court-métrage délivre une espérance. Celle de la création dans ce qu’elle a de plus juste, de plus cathartique. De fils de vie en éblouissements colorés, il ne tient qu’à nous de ressusciter, grâce à la révélation tangible de nos désirs, les figures égarées de nos propres vécus. Ce que ce sensible et magnifique « Empty Space » nous incite à exécuter, une fois son ultime seconde écoulée.