[Clip] Sacha Terrat – OMUAMUA
Dans une apothéose de couleurs occupant tout l’espace naturel qui l’entoure, « OMUAMUA » se pare d’une admirable étrangeté ne cessant à aucun moment de nous transporter au fil de pensées et de visions toujours plus mystérieuses et lumineuses. L’intelligence artistique de Sacha Terrat trouve, avec ce court-métrage à part, un moyen d’expression lui collant littéralement à la peau. Du murmure à l’expansion sonore, « OMUAMUA » est une chorégraphie des artifices se mêlant à la Terre, d’apparats et d’objets entrelaçant futurisme et culture ancestrale. Le chant se mue en une prière, une transe chamanique de l’imploration, une danse dont l’issue restera à jamais en suspens, sauf en ce qui concerne notre propre ressenti. Offrir une telle dynamique, un tel lien entre les éléments est une prouesse rare ; mais qu’accomplit à la perfection Sacha Terrat.
[LP] Lumari – En Phases
En Phases se démarque rapidement de ses influences dreampop et shoegaze, permettant ainsi à Lumari d’explorer son écriture et ses mélodies avec une formidable acuité. L’opus prend le temps de poser les bases de ses différents chapitres, au gré d’introductions aériennes et de déclenchements sonores à même d’inviter l’auditeur à y pénétrer corps et âme. Les compositions duveteuses du groupe se savourent l’une après l’autre, puis finissent par former un ensemble empli d’émotions diverses et de profondeur sensitive, où guitares et section rythmique laissent leurs racines évoluer dans une expansion électrique à même d’accueillir un chant féminin rassurant et confident. Une œuvre aussi délicate que forte, coulant dans nos esprits avec un naturel et un spleen désarmants.
[Single] M³ – Laughable Flashback
L’humour constant parcourant « Laughable Flashback » transforme le titre en un étonnant hommage aux comédiens et acteurs du divertissement. Transposant son action dans les lieux d’actions propres à faire rire le public, M³ se fait le témoin de la communication entre figure centrale et audience. Tout au long du titre, les exemples et anecdotes réveillent un passé oublié mais demeurant essentiel à la compréhension du monde artistique actuel. La narration au cordeau de M³ déroule ses saynètes avec acuité et respect, amenant l’auditeur à sourire, puis à vivre pleinement ces quelques minutes de lâcher-prise et de grâce finissant par s’offrir à lui. Un sujet assez original dans son interprétation et son développement pour ne pas être encouragé et salué tel qu’il est : unique en son genre.
[Single] Ryan Cain – Cigarette Money
Un vent de nostalgie souffle sur le rythmé « Cigarette Money ». Mélange malin et savant de country et de swing, le titre de Ryan Cain ne cherche à aucun moment à dépasser le style qu’il marque pourtant de son empreinte. Car « Cigarette Money » sent bon les bars boisés des landes américaines, les rendez-vous de travailleurs harassés par leurs journées en plein air et ayant besoin, pour se détendre, d’un peu d’alcool, d’effluves de tabac et de beaucoup de danse. Cette simplicité en est d’autant plus sincère qu’elle comprend parfaitement ce qu’elle se doit de représenter, en explorant les moods solaires et autres étincelles musculaires d’une musique ne laissant jamais personne sur le carreau. Il ne nous reste plus qu’à nous mettre, nous aussi, en piste !
[Clip] Kaki Joydefair – Marre !
« Chanter pour exprimer, pas pour faire du beau. » Cette affirmation confiée par Kaki Joydefair dans une récente interview prend tout son sens avec « Marre ! » Ce qui doit être clamé haut et fort, sans y aller par quatre chemins, résonne au fil de l’électro-pop douce et revendicative de la musicienne. Ce cri du cœur, apprêté d’une folle liberté grâce à sa mise en scène visuelle, confronte les abus existentiels à la simplicité des solutions que nous pouvons, toutes et tous, y apporter. « Marre ! » va à l’essentiel, mais avec une réconfortante affection. Ne rien lâcher pour exister, tel que nous sommes. Et avancer à fond, quels que soient les obstacles virtuels et réels se fracassant constamment sur nos routes infinies.
[Clip] Stan Mathis – Déformés (Froggy’s Session)
Magnifique écorché vif, Stan Mathis ne cesse de bouleverser nos neurones à chaque nouvelle composition ou performance. De ce fait, le retrouver seul sur scène, uniquement armé de sa guitare, lors d’une Froggy’s Session de trois titres dont est extrait « Déformés », demeure un plaisir sauvage au-delà de l’humain. Cette clameur bouleversante de la perte de l’innocence et de la noyade programmée de l’individu dans un monde autodestructeur, portée par la voix intense et âpre de l’artiste, éclate devant nos yeux et en nous dans un effet révélateur formidable et électrisant. Lourdes de conséquences mais filées dans une narration au cordeau, les évidences deviennent des choix, des traumas que la musique du grand homme vient apaiser après les avoir usées jusqu’à la moelle. Une transe dont les douces fulgurances ne s’arrêteront jamais de nous bouleverser.
[LP] Eide Olsen – My Dear
My Dear nous plonge dans des mouvements océaniques folk d’une subjuguante beauté. Tandis que le chant inspiré et embrumé d’Eide Olsen parcourt les chemins de ce disque aux multiples rebondissements, la volonté de dépasser les frontières des styles se fait plus prenante et évidente. L’album oscille entre ballades mélancoliques et désespérées et éclairs de lucidité émotionnelle, cherchant lors de chaque étape à accéder à l’essence de ses textes et ambitions. N’hésitant jamais à dévier de sa trajectoire et à recharger ses batteries auprès de cuivres cajoleurs, de guitares aiguisées et de nappes de claviers profondes, Eide Olsen signe un opus hybride, empli de sensations de fortes et de paradoxes palpitants, vifs et insidieux.
[Clip] Friendship Commanders – FAIL
S’interrogeant sur le regret et le fait avéré que, souvent, nous pensons qu’il est trop tard pour entendre les supplications des plus désespérés, « FAIL » sombre dans l’immensité d’un rock profond, abyssal. Friendship Commanders se détourne de ses velléités originelles pour donner naissance à une créature sonore faisant figure de monolithe testamentaire érigé en mémoire des disparus, d’une sourde et brûlante tragédie. Consumé jusqu’à la folie, « FAIL » accélère le rythme cardiaque et nous aide à prendre conscience de nos potentielles erreurs avant même de les commettre. Un formidable hommage rendu par les artistes au musicien Marc Orleans, tragiquement disparu en 2020 et dont la présence hante les limbes orageuses d’une chanson obscure et possédée.
[Single] Chloé – La vie bernoise
Une visite guidée incroyablement originale et en décalage constant avec sa vocation originelle. « La vie bernoise » explore la cité suisse non pas selon un regard de touriste en quête de banalités historiques ou architecturales, mais grâce à l’exploration de lieux underground et inconnus de la majorité du grand public. L’ode pop de Chloé à la ville finit par illuminer les rues, les façades des bars et des clubs avec un bonheur et une dévotion terriblement contagieux. Le cœur de « La vie bernoise » bat d’un sang nouveau, dopé aux amphétamines mélodiques et vocales. Un parcours insolite, tendre et donnant immanquablement envie d’errer, de nuit, dans les artères ténébreuses de la capitale.