[EP] Bill Bonnell – Promise of the Sun
Promise of the Sun est une histoire de l’Amérique et de celles et ceux qui, sans s’en rendre compte, s’y sont irrémédiablement perdus. Le songwriting de Bill Bonnell s’attarde sur ces histoires anonymes de voyageurs en errance constante, sur les changements sociaux et humains qu’ils découvrent au détour des villes et des plaines infinies. Constatant rapidement que sa lande originelle s’est profondément métamorphosée, le musicien se joint aux âmes égarées et les écoute afin de nourrir ses propres histoires, anecdotes et chansons. Le folk maudit et hanté de Bill Bonnell se transforme, peu à peu, en une redoutable délivrance. Celle de cultures trop vite évaporées, d’individualités passionnantes et toujours prêtes à la confidence, de marches ininterrompues vers une reconnaissance dépassant la désillusion. Une œuvre douce-amère, d’une beauté sincère et inspirée.
[Single] Bad Rabbit – Whalesong In The North Atlantic
L’actualité se mêle intimement au nouveau single de Bad Rabbit, « Whalesong In The North Atlantic ». Tandis que de nombreux scientifiques viennent de se lancer dans la compréhension du langage des baleines, nos musiciens livrent leur propre vision sonore de ces chants mystérieux, dont la signification demeure toujours un mystère. Les nappes ambient relèvent autant de l’immersion que de la contemplation, lorsque l’être humain se voit confronté au spectacle magnifique et indicible d’un ballet intemporel. « Whalesong In The North Atlantic » motive notre imagination et, si nous fermons les yeux, laisse défiler sous nos paupières closes une danse aquatique d’une beauté rare et fulgurante.
[Single] Mervyn – Wound 1
Entraînant par surprise le calme vers la tempête, « Wound 1 » est une forme musicale hybride dont la puissance sonore n’étouffe à aucun moment son parfait mélange de colère et de mélancolie. Grâce à ce nouveau single, Mervyn explore les strates sombres et douloureuses de la blessure mentale, les divagations paranoïaques et schizophrènes d’un être dont nous sommes incapables de deviner le véritable visage, tant celui-ci demeure torturé par ses émotions en mouvement constant. « Wound 1 » est un éclatement. La déchirure ensanglantée et ténébreuse de ce qui nous lie à l’équilibre psychique. Mais c’est également une thérapie par le feu et l’électricité. Un choc dont les vibrations nous pénètrent, nous épuisent et nous éveillent à une seconde chance que nous serons libres de saisir, ou non. Un cataclysme cérébral déchirant.
[Single] Julia Piedade – Racine
« Racine » cherche la terre sur laquelle Julia Piedade saura que sa fertilité artistique et humaine sera la plus intense et vivante. La lente complainte de la musicienne, ses voyages intérieurs et ses rencontres inattendues la nourrissent, la foudroient, l’envahissent. Le chant est fragile, en quête d’écoute et de compassion. L’axe révélateur de « Racine », son impatiente sagesse, sa sensualité à fleur de peau en font l’une des confidences les plus justes et sincères de l’art actuel. De caresses en murmures, de conflits en conscience, Julia Piedade révèle son désir accru et inassouvi d’exister toujours plus grâce à l’autre. De puiser en l’être ce qu’elle est prête, corps et âme, à offrir en retour. Un moment de grâce nous menant à l’accueil et à la chaleur dévoués.
[LP] Cyril Guiraud – Itch Ultra
Au premier abord, Itch Ultra revêt les apparences d’un joyeux délire nu-jazz plus axé vers l’expérimentation qu’aux abords du plaisir. Mais, au fur et à mesure de son écoute, l’album de Cyril Guiraud démontre qu’il est, avant tout, une question d’atmosphères, de langages perdus et aujourd’hui remis au goût du jour, tout en regardant vers le futur. Les vingt chapitres de cette œuvre urgente et maligne forment un ensemble dont la cohérence sonore ne cesse de dévoiler ses mystères, pas à pas. Rien n’a été laissé au hasard. Les cuivres se parent de samples puis s’appuient sur des rythmiques parfois pulsionnelles, parfois douces ou tout simplement mises, quelques minutes, à l’écart. Itch Ultra est d’une rare expressivité, la brièveté de ses plaisirs maléfiques amplifiant davantage sa sauvage sensualité et animalité.
[EP] Tom Webber – The RAK Tracks
The RAK Tracks s’interroge. D’une part, sur la place de Tom Webber parmi ses semblables, en tant qu’artiste et humain, ami, connaissance, amant, confident. D’autre part, sur son évolution personnelle, sur ses choix artistiques et les muses qu’il se décide à accueillir au sein de son écriture. En quatre pistes dont une reprise magique et intemporelle de The Korgis, le songwriter laisse flotter, au-dessus de son EP, les fantômes impérissables de ses relations, de ses rencontres, de ses espérances et déceptions. Les envols harmoniques du disque y ajoutent une touche de révolte interne à la fois puissante, merveilleuse et cathartique. The RAK Tracks s’écoute tel une confrontation, une leçon d’histoire existentielle que l’on aime s’approprier et laisser, subrepticement, nous transformer.
[Clip] Célestin – Ma mère
Brève interruption des programmes. Célestin apparaît sur l’écran, au milieu d’animation dont les couleurs sont ternes, usées. Bientôt, il clame son discours, laissant le rythme porter toujours plus loin sa confession publique. La figure maternelle se confond à l’environnement, à la nature de l’artiste tout comme à celle dans laquelle il erre, cherchant les erreurs, les causes et les conséquences. « Ma mère » pourrait être vécu comme une trahison. Une absence d’écoute et de conseils prodigués se heurtant à la rébellion de l’adolescence et des choix adultes. Pourtant, la singularité visuelle et musicale du clip en font une version tendre et douce-amère du rapport à la Terre. L’appel monte en intensité, en tension, en prise de conscience ultime et désespérée. Les figures imaginaires se définissent de plus en plus clairement. L’œuvre d’art en mouvement nous émeut et quitte sa fébrilité pour mieux hurler le choix, la décision. l’égoïsme à dépasser afin de mieux écouter les grondements de l’air, du sol, des mers.
[Clip] Naomi Greene – Cœur Solaire
De simples plaisirs. Ne pas s’engager dans la durée, sans pour autant manquer de respect. Exprimer, librement, son désir de voyager, de découvrir, de s’émerveiller. « Cœur Solaire » est un bijou de solitude volontaire et d’évasion. Naomi Greene confie ses envies et les enjeux de sa singularité. Par le prisme d’images lumineuses et saisies sur l’instant, elle nous convie, à ses côtés, à explorer l’éphémère, à le capturer entre nos mains et à le laisser chavirer nos âmes. La chanson est un poème doux, sensible et sentimental de l’audace. Une promenade le long de plages accueillantes et rassurantes, parmi les bulles nacrées des êtres en constante quête d’initiation. Un amour fugace mais qui, longtemps, perdure en nous et délivre ses effets puissants et réconfortants.
[Single] z3r0 – 3 6 9
« 3 6 9 » est une question de choix. Celui, tout d’abord, de z3r0. Ne pas se laisser tenter ou rattraper par les opinions des autres, par les découragements fracassant constamment sa créativité. Puis, cette différence flagrante dans la musicalité et le flow : il ne sert à rien de matraquer les arguments. La douceur obscure du single se suffit à elle-même et distille implacablement la volonté de son créateur. « 3 6 9 », ou l’anti-soumission au diktat social de l’existence. La libération par la décision. Le baume au cœur après avoir franchi le tunnel obscur et malveillant de la résignation. z3r0 sait pourquoi il est qui il est, pourquoi il fait ce qu’il fait. Et, immédiatement, radicalement, il nous pousse à sortir de nos retranchements et à tenter, coûte que coûte, de savourer et affronter l’imprévu.