« I adore me, myself and I ». Passionnante ambition que celle de JmNPR avec « Gimme a Smile ». Car, si le titre ressemble à s’y méprendre à une potentielle illustration de reels ou de chorégraphies saturant les réseaux sociaux, il est avant tout une révélation de leurs dérives et de leurs désincarnations. Au fil de ses impulsions électro et R’n’B, transfigurées par le chant et les mélodies d’un mouvement musical admirable et lucide, « Gimme a Smile » par à la conquête des likes et des partages. Ou, du moins, les appelle selon leur véritable définition : une machine algorithmique capable de modifier le cours de nos existences, pour le meilleur comme pour le pire.
Rarement, l’implacable mécanique de la reconnaissance virtuelle aura été exprimée de si belle et profonde manière. JmNPR a conscience de la place prépondérante des écrans, façades et masques que nous fréquentons quotidiennement, dans une addiction aux mille et un dangers. Mais la douceur de « Gimme a Smile » parvient, là où d’autres n’ont pas été entendus, à s’insinuer dans nos esprits et y provoquer une étincelle, une remise en question de notre rapport aux apparences. Tandis que nous courons tous après les pouces levés, les émojis, les saynètes existentielles et les instantanés filtrés, la chanson les regarde, les analyse, les met en scène puis, peu à peu, les prive de leur fragile essence. Deux minutes trente de sensualité et de lumière, afin d’engendrer dans nos neurones embrumés une puissante prise de conscience.