La sensation d’entrer, au crépuscule, dans une boutique d’antiquités à peine éclairée. Quelque part, une boîte à musique distille ses mélodies étranges et, fatalement, nous attire. Nous voici happés dans le piège qu’est rooms. Un lieu empli de sculptures, de tableaux, d’objets insolites mais ayant tous conservé l’âme de celles et ceux qui, pendant des siècles, les ont possédés. Tout ce qu’il nous reste à faire, c’est de frôler, du bout des doigts, ces témoins de vies et de cultures que nous prendrons le temps d’analyser, de toucher afin d’en ressentir les douceurs et aspérités.
L’opus de Kååsberga libère ses effluves du rêve, de cette sensation particulière séparant le sommeil du réel. Le moment où nous pouvons nous sentir tomber alors que notre corps n’a pas bougé. Les instruments se posent sur un lit de boucles et de nappes de claviers tendres, confortables. Le chant nous attire à lui, presque murmuré. Au cœur de ce minimalisme sonore, il est cependant évident que le travail de composition est loin d’avoir été improvisé ; tant il est impossible de parfaire ces minutes de grâce et d’apesanteur sans y avoir passé beaucoup de temps, sans s’y être donné corps et âme. Dès lors que nos paupières se ferment, aucun retour en arrière n’est possible. rooms nous entraîne au-delà des murs, invoque les créatures d’une nuit de sabbat, d’un culte du mystère et de la révélation. À l’instant de notre éveil, tout est différent. Les couleurs, autour de nous, se parent de brumes et de volutes pastels. Notre cerveau perçoit l’invisible, les énergies tournoyant autour de notre être. Le disque de Kååsberga est une thérapie. La clé bien cachée de portes maintenant ouvertes vers d’autres dimensions. La connaissance de tout ce qui existe, en nous et près de nous.
Rooms de Kååsberga, disponible depuis le 5 juin 2023 chez L’octuple Lunaire.