[EP] Particules – Voyage Alternatif
Il suffit d’imaginer le duo Particules face à nous, à l’air libre, tandis que le soleil se couche à l’horizon, juste derrière eux. Des formes s’allongent, ultimes ombres avant la nuit. La musique, légère et accueillante, accompagne le crépuscule. Il semble bien difficile d’étiqueter la musique que nous offre Voyage Alternatif, tant celle-ci vient du cœur et de la psyché de ses créateurs. Ni jazz, ni pop, elle s’oriente davantage vers un accompagnement instrumental de moments inattendus, un rassemblement d’êtres attirés par la flamme vacillante que le disque projette. Les pizzicati parlent aux harmonies de cordes, le dialogue est constant, toujours à l’écoute. En trois pièces admirablement agencées, Voyage Alternatif nous guide au-delà des cieux, dans une transe méditative généreuse et affectueuse. Un travail unique, liant le merveilleux à la magie de l’instant présent.
[EP] Marc Béziat – Prague 2024 Session
Nous admirions d’ores et déjà Marc Béziat du fait de sa remarquable mise en partitions de mystères spirituels dont les chapitres ne cessaient d’évoluer, d’amplifier le plaisir de l’écoute et la focalisation sur ses infinies intentions. Mais Prague 2024 Session positionne le compositeur un cran au-dessus : interprété par le Czech Studio Orchestra dirigé par Mikel Toms et le chœur Vox Pragae, le disque permet à son créateur de s’offrir toute l’amplitude sonore que ses œuvres exigent. Un passage obligatoire pour nous, du fait de l’insatiable passion de Marc Béziat dès qu’il s’agit de nous confier ses travaux liés à l’illumination de nos tableaux psychiques. Six mouvements entre douceur orchestrale et puissance chorale, projetant l’auditeur aussi bien dans la musique de films qu’au fil de celle, plus complexe mais ici amplement abordable et délectable, du classique. Marc Béziat prend une longueur d’avance sur ses contemporains, empruntant un chemin qui n’a pas fini de nous étonner. Pour le meilleur.
[EP] The Holy Mountain – They Are Asleep
C’est un lieu éloigné du monde, hors du temps et de l’espace. Dès lors que nous en tentons l’ascension, il dévoile ses paysages brumeux et gris, ses rayons de lumière cinglant une pluie fine et régénératrice. They Are Asleep dissimule habilement ses secrets, ses grottes hantées par les esprits d’une pop mélancolique où l’accordéon prend une étonnante importance. Le chant, doux et angélique, paraît tel le fantôme des âmes damnées d’un siècle depuis longtemps révolu, mais que The Holy Mountain ravive avec une volonté et une profondeur rarement entendues. Le trio norvégien nous livre dès lors les clés de son propre paradis : celui où les âmes égarées de la Terre viennent s’abreuver et sentir une soudaine chaleur, une pression sur le cœur qui, en un battement d’ailes, nous permet d’éprouver nos rencontres autant que nos solitudes. They Are Asleep est la merveille que nous n’attendions plus. La conjonction des styles et de l’intégrité d’un groupe épris de folies douces et de désirs intimes et infinis.
[Single] MAJORA – Lovers/Future
La pop se fait sensuelle, douce, sans fioriture ni apparat inutile. « Lovers/Future » débute telle une complainte, une envie de vivre et d’échanger devenant rapidement attachante. MAJORA y distille ses désirs, sa sensualité, sa volonté de regarder l’horizon par amour, par passion. Le single est une véritable bénédiction, tant sur le plan spirituel qu’existentiel. Car il n’omet jamais d’offrir à ses délicatesses harmoniques une progression instrumentale emplie d’une multitude de détails cristallins et tendres. « Lovers/Future » se savoure jusqu’à la lie. Il décide de nos précieuses minutes d’affection, d’attention. Avant de nous abandonner à nos plus pensées les plus pures.
[EP] Nox Vale – Nox Vale (Réédition)
Une réédition qui, en 2024, nous semble tout simplement essentielle. La musique de Nox Vale ne cherche jamais à ressembler à une époque précise ni à un style particulier. Le langage instrumental abordé précautionneusement par le duo se permet aussi bien de débuter dans des douceurs hip-hop que de se lancer au fil d’un groove dont les effets sur nos neurones sont instantanés. Nox Vale et un disque de plaisirs uniques et interdits, de beautés claires-obscures dont les mille et un secrets demeurent toujours, deux ans après sa sortie originelle, inexplorés. Notamment quand, au détour d’un mouvement électro en ascension constante, les chœurs se démultiplient et achèvent de nous bercer de leurs plaisirs angéliques. Nox Vale s’imprègne de tous les territoires à sa portée. Et ne déçoit jamais, tant ses intentions sont d’une incroyable et infinie justesse.
[Single] phytocene – the notebook
Constamment dans un entre-deux entre rêve et réalité, phytocene se présente devant nous telle la déesse d’un monde perdu, d’un lieu antédiluvien où la beauté, la force et l’intelligence régnaient en maîtresses incontestables. Au fil de ses compositions, dont ce « the notebook » sur lequel nous pouvons lire les poèmes et les histoires précieuses de cette créature mythologique, elle a su s’approprier une musicalité ne ressemblant à aucune autre. Une forme minimaliste mais aux énergies intemporelles et émouvantes, agissant directement sur nos âmes et dans toutes les particules de notre corps. « the notebook » mène l’artiste encore plus loin, le long de la révélation de sa présence, tandis que nous nous perdons au fond des abîmes du songe et de la mélancolie. De contes féeriques en confidences magnétiques, phytocene a fait de la caresse son arme la plus aiguisée, la plus charnelle, la plus étincelante.
[Clip] Marin Esteban – Passenger
Nous sommes tous des voyageurs égarés le long d’un difficile et périlleux périple. Parfois, nous nous arrêtons au bord de la route, par épuisement, par peur de la suite, par crainte de ne plus pouvoir nous remettre debout. C’est lors de tels moments que « Passenger » prend tout son sens. Le folk éthéré de Marin Esteban se présente devant nos yeux et nous tend la main pour nous aider à nous relever. Il est la pierre angulaire d’un nouveau départ, le délice instrumental nécessaire à notre résurrection. D’accords sobres et dépouillés en partitions de guitares regardant droit vers l’horizon, « Passenger » voit défiler les paysages et s’assied à côté de nous afin de nous réconforter. Pour que l’abandon ne soit plus qu’un lointain souvenir. Pour que la vie reprenne ses droits et que nos pas résonnent, en nous et pour celles et ceux qui nous précèdent et nous suivent.
[LP] JVLIVS – XXI [III-III]
Chaque nouvelle offrande de JVLIVS se décode. Ses mystères interdits, ses prières célestes nous troublent, s’insinuent en nous comme le venin d’un serpent immobilisant nos membres. Pourtant, sa musique demeure un refuge, un lieu où plaisirs et désirs s’enlacent et nous saisissent immanquablement. XXI [III-III] lie arabesques et instants d’une puissance quasiment frénétique. Les claviers ondulent, marquent le pas et cherchent à faire apparaître, dans l’obscurité, une lumière que nous essaierons de rejoindre, de toucher. Tour-à-tour inquiétant et magnifique, électronique et magnétique, ce nouvel album offre à JVLIVS toute l’énergie dont il est capable, et plus encore. Sa multitude de détails, de messages cachés et d’atmosphères écrasantes ou éclatantes sont un signe de confiance envers nous. Il est inutile de se dissimuler dans l’obscurité et d’y chercher un quelconque refuge. Il faut avancer, affronter les beats martiaux et les frémissements électriques d’une œuvre salvatrice et unique en son genre. Une raison supplémentaire, s’il en était encore besoin, de montrer notre addiction à ce compositeur libre et possédé par ses propres créations.
[LP] Kaleida – In Arms
L’œuvre prégnante d’une entité hybride. La sculpture sonore de créatrices soignant chaque détail, chaque relief. In Arms est un disque sans nul autre pareil. Le reflet d’une dualité devenue unicité, d’un partage et d’un échange voués à l’éternité. Kaleida ne se contente jamais de composer et d’interpréter ; chaque chanson est un mouvement, une sphère évanescente dans laquelle atomes et éléments se percutent, se bousculent puis se lient. De la pop à l’acoustique en passant par l’électro et le jazz, In Arms s’oppose aux formes prédestinées, aux atours trop simplement dessinés. Il est un rêve éveillé, une matière organique que nous pouvons sentir glisser entre nos doigts puis pénétrer nos épidermes. Le sein sur lequel nous aimons nous reposer afin d’entendre les battements d’un cœur parfois lourd mais, plus que tout, en vie. Une sagesse infinie, rassurante, onirique et divine.