Savoir faire le vide. Se concentrer sur l’équilibre. Percevoir les mouvements du vent, les bruits extérieurs, les aspérités du câble tendu sous nos pieds. Funambulist est une œuvre remarquable. La seule à même de nous permettre de comprendre les différentes étapes de la marche annoncée, tandis que le vide peut nous absorber à n’importe quel moment. Chacun des neuf chapitres et une mise en condition, une forme musicale de la psyché de l’artiste saltimbanque. Une synchronicité des actions et des énergies gravitant autour de l’être, tandis que le numéro se doit de commencer. Un souffle à peine distinct, une lueur timide mais projetant l’ombre. Les prémisses d’une prouesse, au cœur d’une vision poétique et vivante.
Parvenir à transmettre ces jeux périlleux et magnifiques exige une exposition musicale en adéquation avec son modèle. Le piano de Rémi Fay se fait discret, presque silencieux. Metteur en scène d’un spectacle durant lequel nous retenons constamment notre souffle, il jalonne le parcours allant d’un point à l’autre. Les défaillances à corriger, les doutes. Écouter Funambulist revient à être la figure que nous admirons. Lorsque les cordes s’entrelacent aux mélodies de clavier, la foule murmure et le force introspective s’amplifie graduellement. De pas assurés en applaudissements grondants, il aura fallu un temps précis et méticuleux pour se connecter à l’harmonie. L’opus est un miracle. Un tableau ondoyant, fascinant notre regard et notre perception. Sans jamais rompre le fil à même de nous voir sombrer dans l’obscurité.
Funambulist de Rémi Fay, disponible depuis le 7 avril 2023.
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