En apparence, tout semble devoir obliger la femme à ne pas céder à la tentation. À écouter pour agir, sans avoir le moindre droit d’affirmer ce qu’elle désire, au-delà de tout. Pourtant, il serait beaucoup plus simple de la contempler comme l’être parfait qu’elle est, et non plus comme celle qu’elle devrait être. Pour Sainte Nicole, c’est cette origine à la fois religieuse et humaine qui fera sens, qui permettra à l’évidence transmise à travers « Les Filles Qui Parlent Fort » de pleinement s’épanouir. Grâce à la simplicité et à la délicatesse de son électro-pop séductrice, la musicienne saisit un sujet considéré, à tort, comme épineux, et le met en scène avec un sens du rythme et de la couleur totalement éblouissants.
« Les Filles Qui Parlent Fort » est plus une ode à la féminité qu’au féminisme, au sens revendicatif du terme. Une transmission sensorielle de la figure idéale, et non plus idéalisée. En remplaçant les figures bibliques, la femme s’impose comme source originelle de la vie, d’un plaisir qui lui est constamment interdit. Alors que, sans elle, nous ne serions rien ; inexistants, futiles. Qu’importent les critères dessinés à la va-vite ; Sainte Nicole remet la fille d’Ève au centre d’une existence enfin équilibrée, dans un tourbillon de saynètes colorées et hautement symboliques. Sous ses atours festifs et sa révision d’une foi depuis longtemps relue, malmenée puis oubliée, elle écrit le Livre essentiel d’un droit divin : celui de s’exclamer, de ne pas être enfermée dans de futiles et indélicats diktats. « Les Filles Qui Parlent Fort » est beau, intense, majestueux ; mais il est également une renaissance de l’intime féminin, de l’assurance et de la dignité de celles qui, dans leur immortalité, seront à jamais nos muses et nos reines.