Sur la photo illustrant la pochette de metaREverse, les yeux de Thérèse sont d’un noir d’encre. Deux possibilités, tandis que nous connaissons les engagements et l’histoire de notre déesse : soit son alter ego virtuel prend le dessus sur sa personnalité, soit elle regarde ce qui aurait pu advenir d’elle, après l’épreuve qu’elle a vécue à la fin de l’année 2022. Vision spectrale et pixellisée. Deux entités en une, s’acceptant mutuellement afin de donner naissance à la vision toujours plus intense d’une créatrice en mal de vivre et, paradoxalement, en pleine possession de ses moyens. metaREverse : se laisser happer par les réseaux sociaux et les faux-semblants ou, au contraire, se réinvestir soi-même, malgré les changements et les expériences. C’est dans cette folle aventure de l’être que Thérèse se propulse littéralement. Dans une quête personnelle et artistique nécessitant, au moment de sa gestation, une remise à plat de toutes ses certitudes et convictions.
Cinq étapes. Cinq sphères existentielles qu’il faut traverser et comprendre. Cinq phases d’une transformation qui, malgré les apparences, n’était aucunement préméditée. La jalousie, l’irrépressible envie de posséder pour se créer une apparence, une figure de la perfection risquée et exagérée par les diktats des réseaux, des ondes, des câbles. Tout se démultiplie. Tout devient source d’accaparement. Consommer et ressembler pour se forger. Mais, quand les événements la rattrapent, l’effondrement. La maladie et l’hospitalisation. Frôler la mort et survivre grâce au don physique et chirurgical de cet autre sans qui Thérèse ne serait plus. Subrepticement, une dérivation se fond dans les circuits d’un système bien huilé. Un éveil face aux avatars, aux placements de produits, à l’égarement et au pacte diabolique. « Metaverse a mindfucké mon âme. » Les notifications se mue en signaux agressifs. Tout a évolué dans la conscience de Thérèse. La nécessité de retrouver la femme qu’elle était et le besoin viscéral de laisser exploser cette indicible chance qui lui a été confiée. Une mission, un sacerdoce. Plus de règles sans saveur auxquelles il faut se soumettre. Dans notre imaginaire, les yeux de Thérèse s’éclaircissent. L’encre s’efface, les LEDs s’éteignent. « Sirène ». Une créature mythologique essayant de survivre parmi nous. Thérèse, elle-même. L’appel d’autres rives, de cités englouties qu’elle fera émerger afin de bouleverser nos vacillantes certitudes. metaREverse. metaMORPHOSE. Loin devant nous, elle nous appelle, nous avertit. Et achève de nous fusionner à ces sentiments et sensations dont nous nous étions trop vite détournés. Réhabiliter la désaffection, dans sa définition fondamentale. Aimer, sans barrières informatiques et technologiques. Coexister plutôt que de se suffire à soi-même. S’illuminer. Resplendir.
metaREverse de Thérèse, disponible depuis le 28 avril 2023 chez La Couveuse / X-Ray Production.
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